Rugyir, v. provenant d’un dialecte de Loire-Inférieure: se défendre d’une manière maladroite et malhonnête et de façon éhontée, allant jusqu’à nier l’évidence, tout en sachant qu’on ne sera pas cru. En usage pour définir une sorte de Cassandre du mensonge.
- « Je n’aime pas le homard », rugyit François dans un mouvement de désespoir. « Qui plus est, je ne bois jamais de champagne, cela me donne mal à la tête ».
- « Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice », rugyit le petit garçon, les lèvres encore barbouillées de chocolat, tout en accusant son poisson rouge d’avoir mangé toutes les mousses.
- « Je n’ai jamais eu de compte en Suisse » rugyit Jérôme, pris la main dans le cahu-sac.
- « Si je n’ai pas déclaré mes biens au fisc, c’est parce que je souffre de phobie administrative » rugyit en s’indignant le pauvre Thomas Cafévenoud.
- « Je n’ai jamais rencontré Jérôme Salivrieux » rugyirent en chœur Nicolas de Nagy-Bocsa et Jean-François Copelovici. Ce dernier pourtant l’avait employé des années durant comme directeur de cabinet.
- « Je vous le dis en toute francisque, Richeliette n’est pas ma fille ! C’est celle du concierge. D’ailleurs ce prénom est ridicule, moi je l’aurais appelée d’un nom de héros antique, comme Périclette, Vercingétorine, Scipionne, Pompette ou Césarienne. Il y a aussi les héros de la littérature, tels que Astérine, Obéline, Idéfine, Tintine, Duponde ou encore, je ne sais pas, euh… Bécassine ? Non… Sinon, le Moyen-âge a donné de grands noms, Dantine, Pétrarquette, Dugescline ou Abélardine. Mais tu sais mon attrait pour les grands hommes d’Etat, je l’aurais pu prénommer Sullyte, Colberte, Louvoise, Pomponnette, ou Neckerte. Si tu préfères des noms plus révolutionnaires, il y aussi Robesperrine, Dantonne, Miribaude, Fouchette ou Talleyrande. Mais, à la réflexion, un nom républicain, comme Gambettane, Combine, Grevyne, Poincarine ou Staviskine… Non, non en fait, à y bien réfléchir, j’aime le nom de ces guerriers valeureux qui furent jadis le bouclier de la France dans les heures les plus sombres de son histoire: Brazillarde, Doriotte, Bousquette, Darlane, Pétainette ou Lavalline, » se guinquadait François Mitterrannée en tentant de rugyir à son épouse Danièle, qui relevait que les quenottes de la charmante enfant rayaient déjà les parquets Louis XV du palais pestilentiel.
- « Un piège, peut-être, un complot, nous verrons », rugyit Dominique Wagner-Kubilai encore en peignoir, les menottes aux poignets.
En dérive le nom masculin rugyissement: mensonge éhonté émis sans conviction mais non sans arrogance, témoignant d’un profond mépris de son interlocuteur, l’émetteur dudit mensonge pensant que, comme chaque fois, cela contentera la populace.
- Le long rugyissement du Dr. Véreux sur la pénurie de masques lors de l’effroyable pandémie de la vérole couronnée fut oublié d’une manière aussi incompréhensible que celui portant sur le fait que les restaurants ne seraient pas concernés par le Certificat d’Inoculation.
- Les rugyissements de Francis Gouda, qui prétendait aimer les sans-dents, furent confondus par la redoutable Valérie Rottweiler.
- « Les sanglots longs des rugyissements de Bertone blessent mon coeur d’une langueur monotone », se lamenta le Pape émérite du fond de sa retraite.
- « Moi, herpéhaire, jamais ! Je reste droit dans mes bottes », s’indigésit Alan Juppon dans un rugyissement demeuré justement célèbre.
En dérive le verbe Surenrugyir: action de celui qui face à un rugyissement ne dénonce pas l’imposture mais y prend appui pour affirmer un mensonge encore plus grand.
- « François de Grassouffre a tragiquement perdu la vie en nettoyant le canon de son 357 magnum », rugyit François Mitterrannée, l’air absompatissant. – « Cela me rappelle la tragique noyade de Robert Sphérin dans un demi-mètre d’eau », surenrugyit Stéphany Gésiscard d’Avenyr. « Je lui avais pourtant dit souventefois d’apprendre à nager dans la forêt de Rambouillet ».
Une réflexion au sujet de « Rugyir, v. »